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La révolution du Vibe Coding ne demande pas la permission

L'IA est un tsunami. On ne négocie pas avec un tsunami.

Depuis plusieurs mois, je redécouvre mon cœur de métier : la programmation. Ou plutôt devrais-je dire : la création logicielle.

Car désormais, si on utilise les bons outils et les bonnes méthodes, créer un logiciel n'est plus tellement une affaire d'écriture de code. C'est davantage un exercice de conception à l'état pur.

On pense, on formalise, on guide la (Deus-EX ?) Machina qui matérialise la pensée en code. La vitesse d'exécution est phénoménale, inhumaine.

Oui, bien sûr, parfois, elle hallucine, elle se trompe, ou elle part dans une direction sous-optimale ou peu pérenne. Mais précisément : l'ex-programmeur devenu concepteur est là pour ça. Dompter le pur-sang, le faire aller droit.

Je le sais bien, je le vois, je l'entends : une réticence existe au sein de la communauté des développeurs. Une levée de boucliers contre cet enthousiasme. On parle « d'auto-complétion améliorée » ou parfois même de « gadget ». Quelle erreur. Quelle erreur de sous-estimer ce qui se trame aujourd'hui. Toute la profession change.

L'IA ne va pas remplacer les programmeurs, du moins pas dans les années qui viennent (dans les décennies, je ne me prononcerai pas). Mais les programmeurs qui l'embrasseront, eux, oui, ils prendront la place des autres. D'ailleurs, ne sont-ils pas déjà en train de le faire, à l'heure où j'écris ces lignes ?

Tout cela émerge en ce moment sous le nom de Vibe Coding.

Voici quelques notes prises au fil de l'eau. Je me suis aperçu que ce retour d'expérience a très vite suscité un vif intérêt dans mon entourage. Je consigne donc ici ces quelques éléments. C'est aussi une parfaite occasion pour inaugurer ce blog, fraîchement développé… par Cursor (j'allais dire : « avec »…)

Vibe Coding : mutation du rôle du développeur

Introduction au concept de Vibe Coding, par Garry Tan, CEO de YCombinator. Très clair, très bien expliqué. Autant commencer par ce Short YouTube qui résume parfaitement l'idée et la genèse du terme.

Pour aller un cran plus loin, je vous recommande cet épisode de podcast, toujours chez YC.

La discussion est bien menée, les aspects les plus importants sont abordés. Petit bémol : ils ne font pas vraiment de distinction entre le vibe coding pur — comprendre : ne pas savoir ce que fait la machine — et le développement réellement augmenté par l'IA. Pourtant, la différence est de taille : même si la machine peut tout à fait produire du code fonctionnel en autonomie, elle aura tendance à dériver (voir ci-dessous) et il convient de toujours comprendre le code qu'on produit. C'est crucial pour construire une base pérenne et maintenable.

Le développeur programme, le Vibe Coder review…


Changement d'échelle : la productivité explose

Premier point marquant : le changement d'échelle en termes de productivité.
Un développeur seul, avec les bons outils IA, peut aller 10, 20, 100 fois plus vite qu'avant, selon les cas. Je ne fais pas d'effet de style ici. Je parle d'expérience vécue.

On génère en quelques minutes l'équivalent de journées de travail. Ce n'est pas juste "un peu plus rapide", c'est une autre dimension. Ça change tout : la manière de travailler, mais aussi la manière de penser le travail.


Moins d'égo, plus de flexibilité

Corollaire immédiat : détachement, moins d'égo, plus d'agilité.

Avant, on avait tendance à s'attacher au code qu'on avait écrit, car c'était long et difficile de produire quelque chose de fonctionnel. En Vibe Coding, comme on peut générer en un instant ou presque une fonctionnalité complète (modulo quelques allers-retours et ajustements), il devient facile et indolore de jeter à la poubelle ce qui ne correspond plus à la vision produit.

Le pivot devient naturel. C'est même un plaisir. L'IA libère une forme de détachement salutaire. Et oui : de créativité débridée.


De Software Engineer à Software Designer

Le cœur du métier bouge. La compétence fondamentale du développeur change de braquet.
On devient l'architecte, le product owner, le Software Designer.

La force n'est plus dans l'exécution, mais dans la vision d'ensemble, la capacité à poser les bonnes contraintes, à guider l'IA pour qu'elle produise ce qu'on veut.
Le changement de posture est profond.


Le rôle du développeur, de l'ingénieur, reste majeur

Attention : ce n'est pas la fin du métier de développeur. Ce n'est pas mon propos ici. L'IA en autonomie sera suffisante pour prototyper, pour apercevoir, pour tester, mais pas (encore ?) pour construire une plateforme stable et maintenable dans le temps. Car à mesure que les prompts et les itérations s'enchaînent, le risque, c'est la dérive : une architecture fragile, un code bancal, difficile à maintenir.

Notre rôle se raffine donc, il devient quelque chose de l'ordre du Team Lead et du Software Architect à la fois. L'équipe étant… L'IA.

On assure donc la cohérence d'ensemble du projet. On impose des méthodes, des design patterns, on force à isoler le code ici ou là, à respecter un bon découplage, on contraint à telle organisation de fichiers, etc. En d'autres termes, on apporte la vision, l'abstraction, la modélisation globale.


Quid des juniors, des débutant(e)s en programmation ?

Sujet sensible, mais fondamental : que fait-on des devs juniors ?

L'IA peut leur faire gagner du temps, c'est certain. Mais elle ne leur apprend rien, ou si peu.
Le savoir académique du Software Engineering — compréhension fine des patterns, des abstractions, des limites du code — reste essentiel pour détecter quand l'IA part dans le mur.

Un junior sans ces bases ne verra pas les pièges.
Et s'il code dès le départ avec une IA qui fait (presque) tout, comment progressera-t-il réellement ?
Question ouverte. Un enjeu de taille pour les écoles et les cursus de formation en général. Interdire l’usage de l’IA dans le cadre d’une alternance en développement me semblerait pertinent, par exemple. Voire pour tout développeur ayant moins de trois ans d’expérience.


En équipe, tout change

From 0 to 1 : le bootstrap

Avant, il fallait 5 à 10 personnes pour poser les bases d'un projet de zéro.
Aujourd'hui, deux devs expérimentés avec les bons outils IA peuvent tout construire. Surtout en utilisant des services de hosting serverless comme l'excellent Railway.

From 1 to N : le scale

Là, les équipes restent nécessaires. On aura besoin d'architecture, de plateforme, de monitoring, de QA… mais pas dans les mêmes proportions qu'avant. C'est certain. Nous ne sommes plus dans le même jeu.


Un sujet culturel avant tout

Un des verrous majeurs que je vois n'est pas technique. Il est humain. Culturel. Les résistances sont fortes, même chez les profils les plus talentueux. Voire surtout chez les plus talentueux.

L'idée même qu'un LLM puisse faire mieux, plus vite (dramatiquement plus vite !), dérange. Ça heurte notre égo de développeur. C'était une tâche hautement qualifiée. Ça l'est toujours, mais elle est automatisable, en très grande partie. La levée de boucliers est épidermique. Compréhensible, mais futile. On minimise, on ignore, on résiste.

Mais le tsunami est là. Il se lève, il gonfle. Il est rapide. Fulgurant. Il ne demande pas la permission.


Outils / Méthodes pour se lancer dans le Vibe Coding

Pour conclure ce billet, quelques notes concrètes pour vous y essayer de votre côté, avec ce petit panorama d'usages, testé et validé :

  • Mode basique et manuel : ChatGPT. On prompt, il génère, on copie-colle, on teste. Bien pour démarrer, prototyper, valider une idée.

  • GPT Custom : on spécialise un modèle avec les fichiers source du projet et un system prompt adapté. Plus contextuel, un cran au-dessus. Nécessite la version payante de Chat-GPT (environ $20 par mois).

  • VSCode + Copilot : là, on entre dans le développement augmenté. L'éditeur devient "intelligent", chaque prompt est contextualisé au fichier. On accepte les suggestions, on collabore avec la machine. Très utile. J'ai senti un vrai avant/après. Abonnement dans votre compte GitHub (à partir de $10 par mois, trial de 2 semaines gratuites). Note : Copilot peut être configuré pour tourner sur n'importe quel LLM, pratique pour tester.

  • Cursor : Encore un cap. Cet éditeur raisonne, s'auto-prompt, peut créer des fichiers dans votre projet, exécuter du code local… Il comprend le projet dans son ensemble. Il ne se trompe quasiment jamais. Très impressionnant. A partir de $20 par mois.

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