Je ne voulais pas devenir trader. Juste arrêter de perdre de l’argent.
1. L’argent qui dort, la neige au soleil.
J’avais mis un peu d’argent de côté. Pas de quoi partir vivre aux Bahamas ou me croire sorti d'un film de Scorsese, mais assez pour que la question devienne obsédante : j'en fais quoi ?
Le réflexe initial, presque culturel, est de se tourner vers le Livret A. Il remplit une fonction essentielle : la constitution d'une épargne de précaution, ce matelas de sécurité pour les imprévus. Mais sa vocation s’arrête là. Une fois ce socle de deux ou trois mois de salaire constitué, la question reste entière : comment faire en sorte que ce capital ne se contente pas de stagner, mais qu’il se déploie pour mon avenir ?
Laisser son épargne dormir sur des supports à faible rendement, c’est accepter une dépréciation passive. C’est la garantie d’une perte invisible, mais bien réelle : celle du pouvoir d'achat de notre moi futur. L’inflation agit comme une force d’érosion lente et inaltérable. Ne rien faire, c’est donc acter un choix par défaut, celui de ne jamais réellement développer sa liberté financière.
Le sujet est d'autant plus crucial dans le contexte actuel. Face à un système de retraites condamné (soyons réalistes) et à la difficulté de l'adapter aux réalités socio-démographiques (la capitalisation est un épouvantail en France, j'y reviendrai), l'initiative individuelle devient à mon sens une nécessité (et à en croire l'explosion du Reddit vosfinances, je ne suis pas le seul).
Mais voilà, en France, le mot « capitalisation » est un épouvantail. Dans l'inconscient collectif, il est chargé d'une connotation péjorative, presque morale. Influencés par un héritage qui se méfie de l'argent et une opposition frontale entre Travail et Capital, nous avons appris à voir l'investissement comme une forme de pacte sulfureux, le jeu des « Capitalistes » en haut-de-forme qui fument le cigare.
C'est une vision qui me semble non seulement dommageable, mais fondamentalement erronée. Le Travail et le Capital ne sont pas mutuellement exclusifs, mais les deux faces d'une même pièce : notre temps et sa valeur pécunière dans la société.
Mon travail convertit mon temps en capital. Investir, ce n'est rien d'autre que de permettre à ce capital – l'excédent de mon temps déjà échangé – de continuer à travailler pour moi. Plutôt que de le laisser s’éroder, il peut croître et générer à son tour de la valeur.
Pourquoi, dès lors, s'en priver ? Pourquoi y voir le mal ? Le capital, vu sous cet angle, n'est que le prolongement de notre travail. L'investir n'est pas un acte de spéculation, mais un acte d'émancipation. Il ne s'agit pas de « boursicoter » ou « jouer au casino », mais de s'acheter, patiemment, de la liberté pour demain.
2. Les conseillers, les banques et la gestion de patrimoine
Mon premier réflexe a été de me tourner vers le circuit traditionnel : la banque. Le rendez-vous avec un conseiller est un rituel bien huilé. Mais derrière l'apparence du conseil sur mesure, j'ai rapidement perçu les rouages d'un modèle orienté vers la vente. L'objectif n'est pas tant d'optimiser ma situation que de me diriger vers des produits "maison", dont la structure de frais bénéficie avant tout à l'institution.
Le conflit d'intérêts est structurel : la rémunération est souvent liée aux produits souscrits, et non à la performance réelle de mon portefeuille. La question de la valeur ajoutée devient alors centrale. Est-ce que ce service justifie des frais annuels qui peuvent atteindre, par exemple, 3 000 € pour un mandat de gestion en "Banque Privée" ? Ces frais viennent amputer le rendement avant même que l'argent ait commencé à travailler.
Il serait caricatural de généraliser, et il existe bien sûr des professionnels compétents et honnêtes. J'en ai moi-même rencontré. Cependant, même avec les meilleures intentions, le modèle économique dominant crée un plafond de verre. La conclusion s'est imposée d'elle-même : le seul acteur parfaitement aligné avec mes intérêts, c'est moi.
3. Le mythe de la complexité
Face à ce constat, l'objection la plus courante est celle de la complexité. « L'investissement, c'est un métier », « c'est risqué », « je n'y connais rien ». Cette idée est le principal fonds de commerce de l'industrie financière, qui a tout intérêt à entretenir le mythe d'un domaine obscur, réservé à une élite d'initiés.
Le narratif est bien rodé : d'un côté, la promesse de rendements mirobolants si l'on suit les « experts » ; de l'autre, la menace de tout perdre si l'on s'aventure seul. Ces deux affirmations, si l'on parle d'investissement long terme, sont fausses.
La réalité, c’est que les principes fondamentaux de l’investissement passif et diversifié sont d’une simplicité désarmante. Ils se comprennent en quelques heures. Le véritable enjeu n'est pas intellectuel, mais comportemental. La difficulté n’est pas de comprendre la stratégie, mais de s’y tenir sans céder à la panique ou à l’euphorie des marchés.
Un autre mythe largement véhiculé par l’industrie financière, c’est celui du « gérant star » ou du « stock picker » capable de battre le marché grâce à son expertise. Faux. Les données du rapport SPIVA 2024 sont sans appel : en 2024, 65 % des fonds actions large-cap américains gérés activement ont sous-performé le S&P 500. Pire, sur des horizons plus longs (5, 10, 15 ans), aucune catégorie de fonds actifs n’arrive à surperformer la majorité des indices de référence. Autrement dit, la plupart des fonds gérés activement, malgré des frais souvent élevés, font moins bien qu’un simple ETF qui réplique un grand indice comme le MSCI World ou le S&P 500.
C’est là tout l’intérêt des ETF (Exchange-Traded Funds) : ce sont des fonds cotés en bourse qui se contentent de copier la performance d’un indice, sans chercher à le battre. Ils investissent automatiquement dans toutes les entreprises qui composent l’indice, dans les mêmes proportions. Cela permet :
- Une diversification immédiate : en achetant un seul ETF, on détient des centaines, voire des milliers d’actions à travers le monde.
- Des frais très faibles : il n’y a pas de gérant à payer, juste un suivi automatique de l’indice.
- Une transparence totale : on sait exactement dans quoi on investit.
Mais surtout, les indices boursiers mondiaux ont une tendance haussière sur le long terme. Malgré les crises, les guerres, les krachs, la courbe des grands indices (MSCI World, S&P 500…) monte sur des décennies, car ils reflètent la croissance de l’économie mondiale et l’innovation des entreprises. Investir dans un ETF, c’est donc parier sur la capacité de l’humanité à créer de la valeur sur le long terme, sans avoir à deviner quelle entreprise sera la prochaine Apple ou Tesla.
C’est cette logique qui m’a convaincu : inutile de jouer au trader ou de chercher le « coup » – il suffit de s’exposer au marché mondial, de diversifier, de limiter les frais, et de laisser le temps faire son œuvre.
C'est là que quelques lectures ciblées deviennent infiniment plus précieuses que n'importe quel conseil payant. Mon éducation s'est construite sur trois piliers :
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L'Investisseur intelligent de Benjamin Graham : Pour la philosophie. C'est l'ouvrage qui pose les bases de la distinction entre investissement et spéculation, et ancre la démarche dans une perspective long terme.
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Just Keep Buying de Nick Maggiulli : Pour la méthode. Ce livre déconstruit, données à l'appui, la plupart des angoisses de l'investisseur débutant et démontre la puissance d'une approche simple et régulière.
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Système 1 / Système 2 de Daniel Kahneman : Pour la psychologie. C'est peut-être le plus important. Comprendre nos propres biais cognitifs, la manière dont notre cerveau nous pousse à prendre des décisions irrationnelles, est la meilleure des protections contre les erreurs les plus coûteuses. La finance comportementale n'est pas un gadget, c'est le cœur du sujet.
Avec ces outils, on ne devient pas un expert des marchés. On devient un investisseur conscient, capable de naviguer avec une stratégie claire et de se prémunir contre le plus grand des risques : soi-même.
4. De la feuille de calcul à Anantys
La théorie était claire, la stratégie définie. J'ai donc commencé à investir, méthodiquement. Mais avec le temps, ma vision s'est affinée. J'ai voulu sortir du 100% actions pour diversifier mes allocations, intégrer d'autres classes d'actifs et mieux maîtriser le risque global de mon portefeuille.
Mon premier réflexe de développeur a été de construire un tableau de bord sur Google Sheets. Au début, c'était suffisant : des graphiques, des stats, des imports de cours automatiques... Mais l'artisanat a ses limites. Les formules GOOGLEFINANCE
et les macros devenaient de plus en plus complexes, la maintenance était chronophage, et la moindre évolution de ma stratégie se transformait en un projet de refonte. Mon outil, censé m'apporter de la clarté, était devenu une usine à gaz.
Frustré par les limites de ce système et ne trouvant sur le marché aucun outil qui réponde à ma philosophie (simplicité, vision long terme, focus sur les allocations, split des performances par stratégie de portefeuilles, prise en compte de métriques long-terme, etc), j'ai décidé de le construire moi-même. C'est comme ça qu'Anantys est né.
Anantys, c'est aussi une base de données unique de plus de 12 000 actions et ETF, analysés et classés par notre IA maison. Grâce à un portail et un moteur de recherche gratuits, chacun peut explorer cette base, accéder aux fiches détaillées, consulter les cours en temps réel et comparer facilement les différents produits d'investissement. Que vous soyez débutant ou expérimenté, cet outil vous permet de trouver rapidement les actions ou ETF adaptés à votre stratégie sur les marchés européens et américains.
L'objectif n'était pas de créer une énième plateforme de trading, mais un véritable guide d'investissement long terme qui joue dans mon camp. Un tableau de bord qui apporte de la sérénité, qui permet de suivre ses performances et ses allocations avec rigueur, sans le bruit et la complexité - le tout dans une philosophie assumée de tableur sous stéroïde.
Après plusieurs mois de développement, Anantys est aujourd'hui accessible en bêta, librement et gratuitement, avant le lancement de la version payante prévu pour la fin de l'année. Si, comme moi, vous cherchez un outil pour reprendre le contrôle de vos investissements en toute simplicité, c'est le moment de l'essayer.